Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Il y a un rapport entre ce poème et le tableau dont j'ai parlé ici, à cause de ce thème de la réminiscence.
Certains mots répétés produisent une effet de berceuse, très efficace sur moi (je parle de moi car le thème du blog est ce que je pense de tout cela, c'est une sorte d'introspection et en même temps de petite analyse ; mais dans les commentaires vous pouvez me dire que ça ne vous fait rien ; ou ce que ça vous fait).
Et que j'aime, et qui m'aime, et qui n'est (une répétition avec une petite modification à la fin).
Puis Ni tout à fait la même, ni tout à fait : à nouveau une répétition berceuse, mais en plus le motif reprend la répétition précédente, la même, qui rappelle m'aime.
Ensuite les répétitions continuent (comprend, deux fois) et elle seule, trois fois. Sans compter la rime.
Ensuite, on ne sait pas très bien à quoi ressemble cette femme, mais son nom est doux et sonore comme ceux des aimés que la vie exila (magnifique tournure ; essayez de comprendre à quoi elle se rapporte : des gens qu'on a fuit? Que la vie a éloigné de nous? Qui se sont éloignés de nous? Comme la tournure est obscure, on peut rêver...).
La ligne suivante nous donne une solution : sa voix a l'inflexion des voies chères qui se sont tues - autre formule musicale et enchanteresse. C'est peut-être la mort, ou la fin d'un amour, qui a fait taire cette voix.
En tout cas, on est toujours dans un entre deux monde, les yeux fermés peut-être, ceux du souvenir, ou du demi sommeil. Il flotte dans ce poème la même lumière de matin du monde. Je ne vois pas des lumières de matin du monde partout : dans les tableaux de Matisse, par exemple, il n'y en a pas. C'est la lumière de la Méditerranée, du plein midi.
samedi 20 décembre 2008
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