jeudi 23 octobre 2008

Dada, Miro, etc - 2

Je reprends, je vais reprendre sur les poètes surréalistes.
Bon, après mon instit fan de Miro Picasso etc, j'ai eu le fan d'Aragon - Eluard - Brassens. c'était l'époque où l'on apprenait de vrais poèmes, pas des trucs débiles spéciaux pour écoles primaires...
Bref, avec d'autres instits j'ai eu Victor Hogo et Veraline, mais avec lui, Aragon et Eluard.

Quand on y réfléchit un peu, le ciel est bleu comme une orange, ça vaut Miro, mais à l'époque je ne raisonnais pas comme ça (je ne raisonnais pas du tout), et je préférais la poésie. Surtout Aragon.

Mais là où je ne comprenais rien,c 'est quand les artistes se sont excités sur Dada. Le mouvement dada. Alors, moi, Dada, ça n'est jamais passé. je ne comprenais pas ce que c'était, du tout, du tout.

Je cite un extrait d'un site sur Dada.

"DADA. On appelle Dada le mouvement intellectuel et artistique qui, né à Zurich en 1916, s'est étendu à l'Allemagne, la France et les Etats-Unis. Il a perdu sa virulence à partir de 1923 et s'est fondu, en France, dans le surréalisme. Il doit son nom à Tzara, qui l'aurait inventé en feuilletant au hasard un dictionnaire. On lui doit aussi ces définitions : "Dada place avant l'action et au-dessus de tout : le doute. Dada doute de tout. Dada est tatou. Tout est Dada. Méfiez-vous de Dada." Et : "Nous ne reconnaissons aucune théorie. Nous avons assez des académies cubistes et futuristes : laboratoires d'idées formelles. Fait-on l'art pour gagner l'argent et caresser les gentils bourgeois ?" [...]

Je ne vois pas à quoi cela correspond.
Et puis là, je crois que je tiens une piste.
Comme vous le voyez, cette vieille incompréhension de Dada me trouble depuis longtemps, et le question reste posée en moi depuis longtemps. Or, dernièrement, en me baladant sur un blog, j'ai compris, il m'a semblé qu'une blogueuse que je lis parfois voulait parler de sujets drôles de façon un peu systématique à cause de la crise. On a échangé quelques mails, elle m'a dit que oui, elle éprouvait une certaine angoisse et pour lutter, elle avait envie de s'obliger à rechercher des trucs drôles, sketches et autres, pour "lutter" contre son angoisse.
Idée pas bête, et que je ferais bien moi-même de mettre en oeuvre.


J'ai été frappée par cette idée, et je l'ai relié au mouvement Dada. Je me suis dit que face aux horreurs de la première guerre mondiale (on a l'impression qu'elles sont "battues" par celles de la deuxième ; mais c'est que nous connaissons la deuxième ; mais ceux qui vivaient en 1919 ne savaient pas ce qu'ils découvriraient en 1949 ; ils ont été sous le choc des "horreurs" "simples" des tranchées ; après, des évènements beaucoup plus horribles ont eu lie :amis en 1916, on ne savait pas qu'on pouvait aller encore beaucoup plus loin dans l'horreur), certains artistes avaient pu répondre par Dada. ça m'a intéressé.

Je dois impérativement me documenter là dessus. Mes prémisses sont les suivantes : les artistes de l'époque vivaient dans un monde dominé par la puissance de la raison. Leur culture provenait des classiques, de l'étude, de la littérature. Même s'ils cherchaient à "secouer" les auteurs ou artistes classiques, ils en étaient les enfants. (mais il faut que je réfléchisse plus à cela).

Or, voilà que ce monde "classique" européen, ces idées basées, un peu sur la raison, un peu sur Dieu, voilà que ce monde européen plein de suffisance et qui d'ailleurs colonise pas mal en dehors (là aussi, il y a une réflexion à creuser), persuadé qu'il doit apporter quelque chose au monde extra européen (ce en quoi il n'a pas forcément totalement tort - l'erreur ayant été de croire trop exclusivement en lui, sans chercher à voir s'il ne pouvait pas recevoir aussi, des mondes extra européens), ce monde européen vient de vivre une guerre atroce, dans laquelle on a plus qu'auparavant nié l'humanité et traité les hommes (les soldats) comme des choses. Les gouvernements ont envoyés les soldats au casse pipe sans état d'âme (le pire étant les soldats russes dont certains sont allés au front sans armes), ils ont pratiqués la propagande, etc.
Aujourd'hui on a, si je puis dire, l'habitude : on soupçonne par défaut les gens de concussions, d'intérêts cachés, etc. Mais si nous faisons cela, si nous sommes maintenant si malins et si blasés, c'est qu'il y a eu le 20ème siècle.

Or les artistes du 20ème siècle, quand ils se sont retrouvés face à cette déferlante de "mal", à ce nouvel état d'esprit de leur monde jadis si policé et si bien organisé, qui croyait tant en lui-même, et avec tant de sincérité (une sincérité bête, peut-être, mais touchante : je crois que ces artistes sont les petits enfants de la Révolution, une boucherie, mais aussi le désir d'amener le bonheur en Europe ; mais on a trop regardé l'intention des révolutionnaires et pas assez leurs actes, comme ceux de Napoléon, par ex), les artistes ont du se sentir remplis d'horreur. D'où ce mouvement, basé sur le doute. Et ce mouvement, en fait, nous sommes encore dedans. c'est peut-être pour cela que je ne le voyais pas : nous doutons tout le temps.

En fait nous hésitons entre la sincérité et le doute : par ex nous voudrions bien croire qu'Obama est un type sympa et que McCain est un affreux : mais moi, par ex, je pense qu'Obama ne vaut pas nécessairement beaucoup mieux que son adversaire : l'impopularité de la guerre en Irak fait qu'Obama porte les espoirs, je dirais presque du monde entier, je dis ça car je connais des gens qui pensent en raccourci que le Président des Etats-Unis est le Président du monde (tant notre monde est pauvre en idées) - mais Obama arrêtera-t-il cette guerre s'il est élu? Qui vivra verra : il sera peut-être, arrivé à ce poste, convaincu de la nécessité POLITIQUE de continuer la guerre, à son corps défendant ; et s'il l'arrête, les conséquences en seront-elles exclusivement positives? (Je dis cela car en s'attaquant à Sadam Hussein, les Américains ont ouvert le boîte de Pandore : maintenant qu'elle est ouverte, que faire?).
Je ne fais là que poser des questions, je ne prétends pas détenir les réponses. Mais je veux monter que je doute. Et je ne suis pas la seule : nous doutons des motivations de notre président, ou plutôt, à force d'avoir des doutes, nous avons d'affreuses certitudes : il nous semble bien matérialiste. Il serait peut-être devenu président pour sa carrière personnelle : la reconversion dans le privé sera plus facile après un tel poste. A la limite, il y aura peut-être des journalistes ou d'autres hommes politiques pour traiter de naifs ceux qui auraient pensé qu'un président veut "servir la France" ou "se mettre au service des français". Le monde n'est plus comme ça. Maintenant les ambitions des hommes politiques sont personnelles, et l'idée c'est qu'ils nous "entraînent" dans leur égoisme : ils veulent accroitre leur pouvoir et s'en mettre plein les poches : merci à eux d'être aussi francs ! et à nous de nous précipiter derrière eux pour tenter d'en profiter. Et si on ne le fait pas, on a tort.

Dada a pris tout notre monde : nous doutons, nous ne croyons plus en rien, nous aurions même honte de "croire". En tout cas, moi, je ne peux plus croire en la sincérité de personne, et pire : si jamais une personne est sincère, je me demande à quoi ça sert.

Je conclurais avec cette phrase de Prévert, atroce, mais moderne, et qui ne choque que moi : "Qu'importe de lutter pour la bonne cause, si je ne suis pas sincère? qu'importe d'être sincère, si je ne lutte pas pour la bonne cause?". Tout est pourri, on ne peut croire en rien.

Enfin je ne peux conclure : il faut que je revienne sur un livre de Tzvedan Todorov, lu récemment.

ça a l'air compliqué mais vous pouvez me laisser des comm, je répète : je ne détiens pas la vérité, je la cherche.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Ta note est très dense et très riche. Je me suis plus particulièrement arrêtée sur le sujet de la sincérité. Justifie-t-elle tout ? Les pires atrocités ont été commises par des gens qui étaient très certainement sincères ! Bah oui ! Alors ? C'est un peu du même tonneau que la fameuse question : faut-il faire toujours preuve de franchise, peut-on tout dire, tout se dire ? Etc...

Anonyme a dit…

Cela pose beaucoup de questions, Brigitte, en effet.

Anonyme a dit…

Que de questions !!! Mais tu as raison, c'est intéressant !

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup ta chute ! Pour le reste j'ai rien d'autres a ajouter...

Anonyme a dit…

Tu reviens?